Rentrée scolaire: Respect du quantum horaire et qualité du système éducatif

Le respect du quantum horaire et la qualité du système éducatif ont été évoqués dans le communiqué du conseil des ministres du mercredi 5 Octobre. De mon point de vue, il y a trois (3) aspects à ne pas négliger.

  1. La réduction du nombre de matières

Le nombre de matières qu’on enseigne dans une même classe dans les collèges et lycées est excessif. Toutes les matières sont importantes mais il faut savoir choisir celles qui contribuent le plus au profil qu’on veut former, en fonction de la série.
La surcharge actuelle fait qu’on a l’impression qu’on manque d’enseignants alors que c’est juste une stratégie de redéploiement basée sur les exigences des profils qu’il faut avoir. S’y ajoute le risque de démotivation des élèves qui ont tendance à négliger certaines matières pour se concentrer sur d’autres qu’ils jugent plus importantes ou plus faciles, c’est selon.

Pour se convaincre que ce n’est pas le nombre de cours ou matières qui compte, il n y a qu’à voir le niveau en langue française des élèves et étudiants du Sénégal, alors que du CI à la terminale (13 ans), l’enseignement se fait en français. Pour l’anglais n’en parlons pas et pourtant on apprend l’anglais de la 6e à la terminale (7 ans).
Même dans l’enseignement supérieur, le système LMD, avec ses exigences en termes de volume horaire et de crédits, a contribué à alourdir la charge de travail pour tous les acteurs.

  1. La réhabilitation de l’école publique

Comment comprendre que dans notre pays, tout le monde cherche à inscrire ses enfants dans les écoles privées, même ceux qui n’en ont pas les moyens ? Pourtant l’Etat met 980 milliards dans l’éducation, si on prend les 3 ministères (éducation nationale, enseignement supérieur, formation technique et professionnelle) sur un budget de 5560 milliards (presque 18%).
C’est parce que la confiance au public s’effrite d’année en année. Le système a été rattrapé par ce qu’on appelle en économie, les anticipations autoréalisatrices. C’est-à-dire, chacun se dit que le public n’est pas bon (même si ce n’est pas le cas) et inscrit ses enfants dans le privé. Au fil des années, on ne fait même plus attention à ce qu’il se passe dans le public et on aboutit au résultat qu’on avait anticipé (à savoir que le public n’est pas bon).
La situation actuelle pousse beaucoup de gens, y compris des enseignants et d’autres acteurs du système, à investir dans la création d’écoles privées (puisque c’est trop demandé), réduisant ainsi leur engagement pour l’école publique qui continue son coma profond.

  1. La limitation des grèves

C’est connu, au Sénégal les syndicats sont puissants. Dans ce qu’on appelle « modèle de grève » en économie du travail, il y a une courbe de résistance du syndicat et une courbe de concession du gouvernement. Chaque courbe se déplace jusqu’à ce que l’équilibre (entente entre les deux parties) soit trouvé. Il faut qu’on en arrive à ne pas négocier une partie du problème chaque année pour adopter une démarche qui s’inscrit dans la durée en réglant les problèmes structurels.

Abou KANE
Professeur Titulaire, Agrégé d’économie
FASEG/ Université Cheikh Anta Diop de Dakar

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